J’ai lu Pulp.Com numéro 2
Pulp.com, ce n’est pas Paris-Match ! Merci. On savait. Rien de plus solide à proposer ?
Je veux dire par là, que ça ne se feuillette pas. Ca se lit. Faut
prendre du temps, réfléchir, apprécier ( ou pas ) puis se demander en
reposant la revue sur la table : « au fond…à quoi ça sert ? »
Certainement pas à promouvoir les ceusses qui y écrivent et se
fichent complètement d’être reconnus. Un Soomiz, une Trompette
Sournoise ou pire, un Civi Asgard, ça gueule dans le désert sans
chercher à convaincre qui que ce soit. Ils ont la rage. Point. Ce sont
des romantiques dans le sens profond du terme, des idéalistes béats qui
comparent le clair de lune avec les illuminations de nos villes
tentaculaires et crachent leur désespoir. La plupart du temps de façon
quasi incompréhensible. Ce sont les autistes de notre société de
consommation. Les indiens d’Amérique, les derniers Mohicans… j’adore,
mais vous n’êtes pas obligés.
Leurs textes sont noirs, puissants, désespérés et inutiles.
Bien sûr, tout ça est baigné de beaucoup d’humour, d’auto-dérision
et prête souvent à rire. Mais encore une fois, à quoi ça sert ?
A la page 2 de la revue un ou une certaine Iris Vegan essaie de
répondre : « chacun trouvera des arguments pour vous convaincre que le
livre est mort, qu’internet c’est l’avenir et qu’à plus ou moins long
terme, le papier ne servira plus à grand-chose en matière de
littérature. » « Les jeunes ne sont plus demandeurs que d’immédiat et
d’éphémère… la génération Kleenex… on prend, on utilise, on jette .» «
A quand les livres qui s’autodétruiront si on ne les a pas lus dans la
semaine ? »
Je m’interroge. Les grands médias oseraient-ils parler d’un auteur
aussi trash de Chuck Palahniuk ? Ou faire des critiques de cinéma aussi
brillantes, lucides et intraitables que celles de Traffic ? Je ne crois
pas.
Donc Pulp.Com joue un rôle ! Oui, incontestablement… sauf qu’il
pourrait obtenir le même résultat à moindres frais, avec un blog.
Alors quoi ?
Je n’ai pas de réponse. Mais dans le doute, je persiste et continue
à l’acheter. Non pas pour leur faire plaisir ( ce serait plutôt
l’inverse ) mais parce que ce monde a un besoin criant, urgent, de
culture. Je ne parle pas de la merde dorée et lessivée qu’on nous
débite à la télé… mais de la vraie culture : celle qui secoue, réveille
et tire vers le haut.
Pour le reste, sur le plan formel, ce numéro a une chouette
couverture, quelques jolies pages de poésie ou de bédé ( on sent un
réel effort de mise en page ) mais encore et toujours des textes trop
longs, présentés dans des typographies qui ressemblent au bottin de
téléphone ( Simulacres ). Faut s’accrocher..
Ah oui ! Une jolie nouvelle d’ Alain Tacquin, le gagnant du
concours lancé dans le numéro un, sur le thème « une balle de trop ».
Pas mal, nerveux, bien enlevé et pas du tout la balle à laquelle on
s’attendait.
Quatre euros. C’est le prix de cet acte de légitime défense. Donné.
Bob