Achetez aujourd'hui, vous payerez plus tard, disaient-ils...
Toute la culture américaine est basée sur le
rêve, l’ambition, le voir en grand. Une vie à crédit. Une vie où on
achetait aujourd’hui, pour payer quand on pourrait. Morts, si possible. C’était
si simple, jugez donc :
Une annonce télévisée d’Escrocs, filous et
compagnie l’affirmait : on pouvait par leur entremise acheter une voiture
neuve avec un simple dépôt de $100, pour autant qu’on ait un boulot. Quel
boulot ? Qu’importait ! Au premier paiement de retard, hop, gnap,
Escrocs, filous et compagnie reprenait la voiture, gardait l’argent déjà versé,
vous poursuivait en justice histoire d’y gagner encore un peu, et ne s’y
perdait vraiment pas.
Pour les fêtes de fin d’années, la télévision vous
donnait la curieuse impression que vous étiez un salaud de la pire espèce si
vous n’achetiez pas un diamant à votre femme, trois jeux vidéo à chacun de vos
enfants, un éventail d’instruments de torture destinés à la fitness de la
famille et la rénovation du parquet pour recevoir dignement. Les compagnies
véreuses offrant des prêts de $200 à des gens n’ayant aucune garantie bancaire
(bien des gens n’ont même pas de compte en banque…) lançaient leur chant de séduction.
Ça semblait si simple : empruntez $200 aujourd’hui, et rendez-en $230 … la
semaine prochaine ! Du retard ? Désolés, absolument désolés, mais ça
fera $260, maintenant ! Les usuriers se faisaient une fortune sur des gens
qui n’avaient rien mais que l’on poussait, eux aussi, à rêver avec démesure.
Ils avaient droit à la même chose que les autres, leur serinait-on. Aucune
loi pour limiter le pouvoir de ces chacals, et leur horde traquait les rêveurs
sans relâche, crocs exposés, le poil de l’échine hérissé.
Et maintenant qu’on les a endettés pour trois générations, on leur propose de les sauver en leur rachetant leur or. Les alliances, boucles d’oreille de mémé, dents d’or de pépé, montres de communion vont finir dans les mains griffues d’ Escrocs, filous et compagnie déguisés en dernière chance…