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Pulp.com
20 mars 2009

Micheline Boland

boland


Micheline Boland n’est plus une novice de l’écriture. Depuis son adolescence elle participe – et gagne – à de nombreux concours d’écriture, des journaux et des périodiques. Auteur de nouvelles, de contes ou de poèmes, sa plume est diversifiée et ancrée dans le quotidien.
Edité chez Chloé des Lys, son recueil « Entre chien et loup » propose 19 nouvelles directement inspirées de sa profession de psychologue.

Elle nous propose une nouvelle sur la mort, la drogue et la douleur d'une mère dans le premier numéro de Pulp.com.

En apprendre plus : le site

***

L'interview

Pulp :  Si vous étiez le personnage principal d’un roman, lequel seriez-vous ? Qu’est-ce qui vous attire chez lui ?

Micheline : Je lis rarement des romans. Je ne lis que des textes courts, nouvelles, contes, poésie.
Un souvenir ancien. Palamède Bernardin dans « Les catilinaires » (Amélie Nothomb - Le Livre de Poche)
J’aime bien cette idée d’être comme un observateur qui s’incruste chez autrui et cette sorte de persévérance.

Pulp : Imaginez que vous deviez écrire une histoire se passant dans un monde futur (2070), comment décririez-vous votre ville ou région dans cette époque à venir ?

Micheline : J’aime imaginer ma ville propre, pimpante, fleurie. Les bâtiments à restaurer l’auraient été. Les chancres qui auraient été démolis, auraient été remplacés par des immeubles élégants, aux nombreuses baies vitrées. Les badauds seraient les bienvenus dans les piétonniers. De coquets parkings de dissuasion seraient aménagés aux abords. Il y aurait de nombreux cafés et salons de thé, aux terrasses accueillantes. Il y aurait aussi des petites places sympathiques garnies de bancs. Les bords de Sambre seraient mis en valeur comme le sont les bords de Meuse à Dinant.

Pulp : « Johnny Trembor ouvrit la porte brusquement. […] Il ramassa l’escarpin vernis et le déposa dans la poubelle. » Entre ses deux phrases, il se passe quoi selon vous ?

Micheline : Ce Johnny Trembor est entré pour voler de l’argent et des bijoux. Il met beaucoup de désordre dans l’appartement avant de trouver ce qu’il cherche. Il fouille tiroirs, étagères, armoires. Il fouille aussi bien la garde-robe ancienne que le réfrigérateur. Juste avant de quitter les lieux, il trébuche sur un escarpin vernis qui traîne sur le sol du hall. Cette chaussure lui fait repenser à une femme.

Pulp : Si un petit matin vous vous réveilliez transformée en l’un des personnes de vos textes, lequel serait-ce ? Quelles similitudes entre lui et vous ou que lui enviez vous ?

Micheline : Le gamin de onze ans, héros de « Une vocation » (Extrait de « Nouvelles à travers les saisons » aux Éditions Chloé des Lys). Cet enfant est fasciné par les parfums. En raison de cette passion, il va commettre une imprudence qui provoquera sa mort mais il décède enivré par des odeurs délicieuses.

Pulp : Je vous  donne une caméra et un passe pour un aller-retour pour n’importe où. Votre destination et ce que vous filmez ?

Micheline : D’un bout à l’autre du Léman au printemps. Je filme le lac, la montagne, le ciel bleu. Je m’arrêterais à Montreux pour une balade à pied le long du lac. J’y filmerais lez canards, les bateaux, les palmiers, les fleurs, les gens qui se promènent et ceux qui sont assis sur les bancs.

Pulp : Que vous reproche-t-on le plus souvent ?

Micheline : Le manque d’action qu’il y a dans mes textes, l’aspect trop proche du quotidien. Une certaine naïveté et un manque d’agressivité sont mes principaux défauts, paraît-il…

Pulp : Que sont devenus vos rêves d’enfants ?

Micheline : Je ne les ai pas atteints dans leur plénitude mais je n’y ai pas renoncé non plus.
J’ai exercé la profession de psychologue qui m’avait attirée dès mes onze ans. Je n’ai jamais renoncé à écrire ni à peindre.

Pulp : Pourquoi avoir accepté de participer à ce premier numéro de Pulp.com ?

Micheline : J’aime les « premières fois ». J’adore être parmi les premiers à repérer et à essayer un nouveau restaurant, un nouveau pâtissier, un nouveau fleuriste… Une bonne découverte à partager ensuite, quel plaisir !

Pulp : D’après vous, quels sont les points positifs et les points négatifs du Web pour les artistes ?

Micheline : Il y a le danger du plagiat et de la diffusion sauvage. Un exemple : une amie a déjà retrouvé des morceaux de poèmes que j’avais écrits sur des cartes postales, on citait mon nom mais on ne m’avait pas demandé d’autorisation !

Le Web offre la possibilité de se faire connaître. J’y ai fait connaissance avec d’autres artistes : un chef de chorale suisse qui a mis en musique deux de mes poèmes, des conteurs qui m’ont demandé à pouvoir conter des histoires que j’avais imaginées, des webmasters qui ont mis l’un ou l’autre conte sur leur site ou dans une revue papier qu’ils publiaient (conte sur le chocolat, sur les cloches…).

Un élève de secondaire va présenter quelques-unes de mes poésies dans sa classe. Sa mère qui avait trouvé certains de mes écrits sur un site de ma ville, les avait appréciés. Il va venir me rencontrer…

Pulp : On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Que voudriez-vous qu’on dise de vous pour votre  oraison funèbre ?

Micheline : Que j’ai offert l’écoute dont certains avaient besoin, que j’ai aidé certaines personnes à aller au bout de leurs rêves et que je suis parvenue à dénicher quelque chose de la poésie des jours ordinaires.

Pulp : En exclusivité, la prochaine phrase qui débutera votre futur texte, qui restera peut-être à jamais inédit ?

Micheline : Quand il a entendu les bruits, les cris : « On ne bouge plus. Je suis armé. », il l’a prise par la main, l’a entraînée vers le recoin où se trouvaient les bières. Ils sont restés agenouillés derrière les casiers. »

Pulp : Et pour finir, une image qui vous représente bien.

Micheline :

Micheline


***

Morceaux choisis


Pulp : Partagez avec nous les 5 premières lignes de votre nouvelle préférée.

Micheline : Sa bouche arrondie, aux lèvres rouges, soufflait un tel « Oh » enthousiaste que je sus à ce moment que quelque chose d’irréversible se produisait. Le « Oh » se prolongeait. Les prunelles de la femme scintillaient comme scintillent celles d’un chat. L’odeur de lavande, qui émanait d’elle m’était agréable. Je restai près d’elle, l’unique cliente de ce samedi midi. Sur la première cuiller à dégustation, un modeste morceau de foie gras d’oie assorti d’un peu de confiture de figue.

(« Recette exceptionnelle », extrait de « Nouvelles à travers les saisons » de Micheline Boland aux Éditions Chloé des Lys)   

Pulp : Choisissez l’un de vos textes, au hasard (si si !! ) et recopiez-nous les 5 dernières lignes de la première page du texte.

Micheline : Nos chemins se séparent. Il s’assied sur le banc en face de la pièce d’eau. Je m’avance un peu. Je m’arrête. Je me retourne. Je vois le bouquet, un bouquet de roses rouges, posé sur l’assise du banc. Je comprends pourquoi le bras droit m’était demeuré caché. Du rouge sur le vert du bois. Rouge, amour, passion, toujours. Il regarde sa montre. Je soupire. Je devine un cœur qui n’est plus à prendre.

(« Rendez-vous », extrait de « Nouvelles entre chien et loup » de Micheline Boland aux Éditions Chloé des Lys)


Pulp : Un vers en particulier parmi ceux que vous avez écrits ?

Micheline :

À la mesure de l’étoile, il n’est point de soucis.
Point de manque, point de désir.


(Début de « vu de Sirius » de Micheline Boland, extrait de « Jeudi » n° 6 aux Éditions Enitram Tréab)


Pulp : Et chez votre auteur favori, le début de son roman/poème ?

Micheline :

Le cœur sur l’arbre vous n’aviez qu’à le cueillir,
Sourire et rire, rire et douceur d’outre-sens.
Vaincu, vainqueur et lumineux, pur comme un ange,
Haut vers le ciel, avec les arbres.


(Paul Éluard « Poèmes » 1914 - Livre de Poche)

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Commentaires
M
Micheline, je vais dire des banalités: tu es une une fontaine, une primevère, un oiseau qui s'envole, tu es... tu es le bonheur personnifié.<br /> <br /> m.
B
J'aime presque tout d'elle... et qu'elle ne change surtout pas. Elle a l'art de scénariser la vie de tous les jours comme s'il s'agissait d'un roman plein de péripéties. La différence, c'est que chez elle, ce sont les infimes détails et les petites émotions discrètes ou secrètes qui font rebondir l'histoire. <br /> <br /> Et notre vie, c'est beaucoup plus ça, que les grands drames ou les grands bonheurs.
B
J'aime presque tout d'elle... et qu'elle ne change surtout pas. Elle a l'art de scénariser la vie de tous les jours comme s'il s'agissait d'un roman plein de péripéties. La différence, c'est que chez elle, ce sont les infimes détails et les petites émotions discrètes ou secrètes qui font rebondir l'histoire. <br /> <br /> Et notre vie, c'est beaucoup plus ça, que les grands drames ou les grands bonheurs.
E
Elle cerne bien ses défauts. Surtout la naïveté. J'ajouterais, après avoir lu l'enfant pourpre, qu'elle tombe facilement dans le piège d'une morale trop simpliste. Ça ne dois pas être sans rapport avec la naïveté sans doute.
E
Originale, bien cernante, et les réponses de Micheline sont... Micheline! Un zeste fleur-bleue, une pincée de réalisme, une cuillère rase de tendresse, trois bonnes mesures de talent... C'est fleuri, c'est précis, ça coule comme un ruisseau.
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